La simplicité au service du bon caractère
série : Métamorphose | Texte biblique : Matthieu 6,19–24
Pour sortir de l’engrenage de la préoccupation, c’est-à-dire de la fixation sur moi-même, il faut passer par «l’œil simple», c’est-à-dire par une réorientation du regard. Et cela passe par la prière. Il devient clair que la métamorphose de l’homme dépasse les possibilités et les efforts humains. La prière de l’Unservater le conduit au-delà de lui-même à la rencontre avec le Père céleste. Il retrouve ainsi la simplicité. Ce faisant, il cultive les deux vertus cardinales que sont la sérénité et la détermination.
Il y a un potentiel insaisissable dans le fait de suivre Jésus. Il s’agit de se transformer en bonnes vertus et en bon caractère à l’image de Jésus. L’hypocrisie et la performance pieuse sont des obstacles sur ce chemin et corrompent le caractère. Le Sermon sur la montagne propose aux personnes de l’école de Jésus de se libérer de ces égarements. Et plus précisément, il donne une petite indication sur ce qui favorise énormément un bon caractère, par l’entrebâillement de la porte d’une petite parole insignifiante.
Œil simple
«Ton œil est la fenêtre de ton corps. Un œil clair (haplous) permet à la lumière de pénétrer jusqu’à ton âme. Un mauvais œil, en revanche, bloque la lumière et te plonge dans l’obscurité. Si ce que tu crois être de la lumière est déjà de l’obscurité en toi, combien l’obscurité sera-t-elle alors !» (Matthieu 6,22–23 NLB).
Le secret de la culture d’un caractère semblable à celui de Jésus se cache dans ce mot allemand anodin clair (en grec haplous). Notre œil doit haplous être, alors tout ira bien dans la vie. Mais si l’œil mauvais c’est toute la vie qui s’enfonce dans les ténèbres. Si l’homme veut surmonter son trébuchement et redevenir un danseur de Dieu, il doit faire attention à son œil. Il ne s’agit pas tant de l’œil extérieur que de l’œil intérieur. Nous devons contrôler ce que l’œil imagine, car «ce que nous avons dans l’œil nous marque, c’est là que nous sommes transformés» (Robert Spaemann).
Que signifie haplous? Le dictionnaire dit «.simple, sobre, sincère, simplet». Cette dernière traduction – simple d’esprit – est étymologiquement le plus approprié. Si nous prenons une feuille de papier et la plions une fois dans le sens de la longueur, nous avons un simple d’esprit Papier. C’est ainsi que notre œil doit être. Simple d’esprit. Droit comme un i. Orienté vers le haut. Claire dans son orientation. Cependant, Jésus ne nous communique pas ici simplement un principe général, mais parle du simple d’esprit œil dans un contexte très concret : «N’accumulez pas de richesses ici, sur terre, où les mites ou la rouille peuvent les ronger ou où les voleurs peuvent entrer et les voler. Amassez vos richesses dans le ciel, où ni la teigne ni la rouille ne les rongeront et où elles seront à l’abri des voleurs. Car là où se trouvent tes richesses, là aussi se trouve ton cœur. Ton œil est la fenêtre de ton corps. Un œil clair permet à la lumière de pénétrer jusqu’à ton âme. Un mauvais œil, en revanche, bloque la lumière et te plonge dans l’obscurité. Si ce que tu crois être de la lumière est déjà de l’obscurité en toi, combien l’obscurité sera-t-elle alors ! Personne ne peut servir deux maîtres. Il détestera toujours l’un et aimera l’autre, ou sera fidèle à l’un et détestera l’autre. Vous ne pouvez pas servir Dieu et l’argent en même temps» (Matthieu 6,19–24 NLB).
Dernière sécurité
Il s’agit donc, avec l’œil simple, de notre regard intérieur concernant la protection de la vie par des possessions matérielles. Dans les trois premiers versets, il est question de thésauros ce qui correspond à Richesses a été traduit. Thesaurus nous est familier, nous l’utilisons pour désigner une mémoire électronique de mots. Schatzkammer, Speicher et Tresor sont des mots allemands correspondants. Le pouvoir de ce trésor est déterminant pour la vie. «Car là où se trouve ton trésor, là se trouve aussi ton cœur» (V.21 LUT). Là où nous cherchons notre dernière sécurité, c’est aussi notre centre de vie, c’est vers cela que notre vie est finalement orientée.. C’est une question de sécurité et de protection. C’est la question humaine fondamentale de savoir comment je peux assurer ma vie. Est-ce que j’ai assez ? Aurai-je assez pour demain et encore plus pour la retraite ? S’y ajoute le souci de la santé. Comment puis-je m’assurer contre les accidents et les maladies ? Oui, en fin de compte, face à la mort inéluctable, c’est la vie même qui est en jeu. Ce dont Jésus s’occupe en fin de compte apparaît clairement au v. 24. «On ne peut pas servir deux maîtres à la fois», dit Jésus, «Dieu et Mammon». Celui qui s’appuie en fin de compte sur les possessions matérielles sert Mammon. La sécurité matérielle devient une véritable idole. Les citoyens des nations riches, comme la Suisse, sont particulièrement menacés. C’est pourquoi toutes les votations qui risquent d’égratigner notre richesse sont rejetées chez nous.
Le message de Jésus libère de cet esclavage. La phrase salvatrice est : «Votre Père céleste connaît vos besoins»(6,32 NLB) et il prendra soin de vous. Vous n’avez donc pas besoin de vous «détruire» en vous jetant dans les bras de Mammon et en devenant esclaves des biens matériels. Jésus dit en substance : «.Tous vos soucis peuvent-ils prolonger votre vie, ne serait-ce que d’un seul instant ? Non» (6,27 NLB). Comprendre que ma vie ne peut pas être assurée, mais que chaque heure dépend de l’attention de Dieu, peut sembler menaçant, mais est finalement libérateur. Quand nous cessons de danser sur la musique de Mammon, nous sommes libérés pour danser sur la musique du ciel.. Le chemin pour y parvenir est de devenir simple, de s’orienter intérieurement vers le lieu juste et salutaire de la sécurité de vie..
L’homme devient trébuchant parce qu’il cherche dans la mauvaise direction ce qui donne à sa vie son ultime soutien. Inquiet pour lui-même, il accroche sa vie au clou des sécurités matérielles – mais le clou n’est pas capable de porter le poids de la vie. En fin de compte, la vie ne peut pas être assurée. Le moyen de sortir de l’engrenage des soucis, c’est-à-dire de la fixation sur moi-même, passe par «l’œil simple«c’est-à-dire par une réorientation du regard. Et cela passe par la prière – le centre du Sermon sur la montagne. Wolfgang Goethe raconte : «.Un jour, la peur frappa à la porte. Le courage se leva et alla ouvrir, mais il n’y avait personne dehors.» Le regard simple est le chemin vers ce courage qui constate que toute peur est vaine et s’évanouit.
Un gros butin
Il devient clair que la métamorphose de l’homme dépasse les possibilités et les efforts humains. La prière du Non-Serviteur le conduit au-delà de lui-même à la rencontre avec le Père céleste. Il trouve ainsi la simplicité. Les deux vertus cardinales que sont la sérénité et la détermination sont cultivées à cette occasion.
- SérénitéLa prière crée un espace pour remettre entre les mains du Père céleste les soucis, la culpabilité et la peur qui peuvent confisquer la vie, afin de trouver une sainte sérénité. Celle-ci se nourrit des encouragements de notre Père céleste, qui donne à notre vie un soutien ultime. Il s’agit d’une paix intérieure qui trouve son fondement dans l’expérience profonde de l’acceptation, de la sécurité et du soutien.. Je n’ai plus besoin de me précipiter et de chasser pour assurer ma vie, que ce soit par des efforts religieux ou par une quête matérielle. La sérénité ne doit pas être confondue avec l’indifférence ou même la paresse. Les personnes sereines ont la tête, le cœur et les mains libres pour se consacrer à l’essentiel. Une sérénité saine libère pour un engagement dévoué, pour danser la musique du ciel.
- Détermination ou engagementCette deuxième vertu est décrite dans la première partie de la phrase du v.33 : «.Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice» (6,33 LUT). C’est à partir de notre identité d’enfant du Père céleste et de l’expérience de Son acceptation et de Sa sécurité que nous sommes libérés de l’auto-environnement. Le courage, la détermination et l’orientation vers un objectif en sont les conséquences. Corrie ten Boom : «Le courage, c’est la peur qui a prié» Bien sûr, cette vertu peut être orientée vers de bons ou de mauvais objectifs. Ici, elle est axée sur la justice du royaume de Dieu. La condition préalable est que les brouilleurs que sont le souci, la culpabilité et la peur soient coupés. L’Unservater offre l’espace pour les remettre entre les mains de Dieu et pour monter le volume de l’émetteur du Royaume de Dieu afin de danser sur cette musique.
Ces deux vertus doivent être considérées comme un couple. Elles s’équilibrent et évitent les déséquilibres malsains. La sérénité peut en effet se transformer en indifférence et l’engagement en acharnement. En tant que engagement serein ou sérénité engagée une vertu combinée se développe, qui est en fait le pivot de toutes les vertus présentées dans Matthieu 5.
La semaine dernière, j’ai rendu visite à mon père. Comme il est très malade et faible, je ne sais pas si c’est la dernière fois que je le vois. Nous avons parlé comme un fils parle à son père lorsqu’il s’agit de lui dire adieu définitivement. Pour moi, c’était un moment très sacré. J’ai ressenti une grande paix émanant de mes parents. Ils me montrent l’exemple de ce à quoi pourrait ressembler un regard simple vers le Père céleste. Ils se jettent avec confiance dans ses bras et vivent une sérénité et une détermination saintes, même face à la mort. Tout ce qui est matériel passe complètement à l’arrière-plan. Il devient clair que notre vie est exclusivement suspendue au clou du Père céleste. Notre danse suit uniquement la musique de Dieu. Cette liberté, cette paix, cette sérénité, cette absence de soucis, cette détermination est à ta disposition ici et maintenant. Par la foi en Jésus-Christ et un regard simple sur le Père céleste, tout cela est à ta disposition !
Questions possibles pour les petits groupes
Lire le texte biblique : Matthieu 6,19–24
- Que pourrait faire Jésus avec œil simple ont voulu dire ? A quoi doit se référer le regard simple se focaliser ?
- Comment assurez-vous votre vie en fin de compte ? Quel est le rôle de Mammon dans ce contexte ? Es-tu d’accord avec la thèse selon laquelle nous, les Suisses, courons un grand danger en nous jetant dans les bras de Mammon ?
- Comment pouvons-nous faire l’expérience de la libération et de la réorientation ? Pourquoi Jésus propose-t-il la prière du Non-Père comme solution ?
- Que signifient les deux vertus cardinales que sont la sérénité et la détermination/l’engagement ? Ces vertus sont-elles équilibrées chez toi ? Que se passe-t-il si l’une d’elles prédomine ?
- La prière est la clé de la métamorphose en l’exemple de Jésus-Christ. Quel est le rôle de la prière dans ta vie ? Dans le petit groupe ?