Etincelle d’espoir
série : Comme toi et moi | Texte biblique : Lamentations 3,25
Dieu est bon. Sa bonté est un don et ne doit pas être méritée. Mais il y a des moments où la bonté de Dieu nous est cachée, des moments où Dieu semble se retourner contre nous. Le prophète Jérémie décrit des expériences négatives bouleversantes qu’il a vécues avec Dieu. Mais il maintient qu’il existe encore un «reste» de la bonté de Dieu et montre le chemin par lequel il «puise» dans ce reste…
C’est une parole tirée du livre des Lamentations qui doit nous occuper ce matin : «Le Seigneur est bon pour celui qui espère en lui, pour l’âme qui le cherche». C’est ce que nous lisons dans Lamentations 3:25. «L’Éternel est bon pour celui qui espère en lui…» Ce mot pourrait en effet s’appeler autrement. Et dans nos cœurs, il résonne parfois différemment, n’est-ce pas ? Par exemple : «L’Éternel est bon pour celui qui lui obéit…» «L’Éternel est bon pour celui qui garde ses commandements…». «L’Éternel est bon pour celui qui est bien sage, qui fait sa volonté et ne commet pas de faute…». C’est ce que nous pensons parfois de Dieu, n’est-ce pas ? Il accorde le bien à celui et à celui seulement qui suit ses voies et fait ce qui lui plaît. Et sans nous en rendre compte, nous faisons dépendre la bonté de Dieu de nos performances pieuses. Souvent, nous ne le réalisons même pas, mais c’est ainsi que nous faisons de la bonté de Dieu une récompense que nous devons mériter, travailler durement.
Dieu est bon pour celui qui, par ses œuvres, mérite d’abord le bien. Celui qui ne fait pas le bien n’a pas de bien en retour. Ce n’est pas seulement un virelangue. C’est en quelque sorte une règle de base à laquelle nous nous référons normalement et que nous appliquons très souvent à Dieu et à son action. Dieu est bon pour celui qui est obéissant. Cette idée est peut-être bien plus ancrée dans nos cœurs que nous ne le pensons. Mais Dieu est différent. Son Fils, Jésus-Christ, dit de lui «Il fait lever son soleil sur les méchants et les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et les injustes». (Matthieu 5,45). Et dans Luc 6,36, c’est ainsi : «… il est bienveillant envers les ingrats et les méchants». Non, nous ne pouvons ni ne devons mériter la bonté de Dieu. Elle est un don, un cadeau immérité que Dieu nous fait.
Une condition
Eh bien, la parole de Lamentations 3 mentionne quelque chose comme une condition que nous devons remplir pour pouvoir faire l’expérience de la bonté de Dieu : «Le Seigneur est bon pour celui qui espère en lui, pour l’âme qui le cherche». Dieu ne nous jette pas sa bonté à la figure. Mais il nous l’offre si nous tendons la main vers lui et si nous lui faisons confiance.
Et peut-être devrions-nous y réfléchir à nouveau : ce ne sont pas nos performances pieuses qui nous permettent d’impressionner Dieu et de le gagner à notre cause. C’est plutôt notre confiance qui touche son cœur. Jésus, le Fils de Dieu, ne s’est pas laissé impressionner par les bonnes œuvres que les personnes pieuses lui présentaient. C’est plutôt la confiance des gens qui l’a poussé à agir :
- «Ta foi t’a aidé», dit-il à l’aveugle de Jéricho qui l’appelle et le supplie de le guérir (Marc 10,52).
- «Ta foi t’a aidé», dit-il à la pécheresse qui s’aventure dans la maison du pharisien, y mouille les pieds du Seigneur Jésus avec ses larmes, les sèche avec ses cheveux et les oint ensuite d’un parfum précieux (Luc 7,50).
- «Ta foi t’a aidé», dit-il au lépreux qui revient et le remercie pour le don de la guérison (Luc 17,19).
C’est la foi que le Seigneur Jésus recherche chez nous. C’est la confiance des hommes qui touche son cœur. Et ce n’est pas nouveau dans le Nouveau Testament. Nous le trouvons déjà à plusieurs endroits dans l’Ancien Testament :
- «Abram crut au Seigneur, et cela lui fut compté comme justice». C’est ce que nous lisons au tout début de la Bible (Genèse 15,6).
- Dans le Psaume 32.10, David confesse «Celui qui espère en l’Éternel, la bonté l’enveloppera».
- Et dans le Psaume 33,18, il est dit «Voici que l’œil du Seigneur est attentif à tous ceux qui le craignent, à ceux qui espèrent en sa bonté».
«Dégustation» de Lamentations
Tu vas peut-être dire que c’est génial de vivre cela. Il est facile de parler ainsi quand on fait l’expérience concrète de la bonté de Dieu et que l’on peut se référer à de bonnes expériences positives avec lui. Il n’est pas si difficile de chanter la bonté de Dieu quand on en fait l’expérience concrète. Mais ce n’était pas le cas de Jérémie, à qui l’on doit la parole de Lamentations 3. Il n’a pas du tout fait l’expérience de la bonté de Dieu. Au contraire, il a découvert son Dieu sous un angle qui nous effraie. Le chapitre dans lequel se trouve notre parole est l’une des lamentations les plus amères que l’on trouve dans toute la Bible. Le prophète y décrit des expériences avec Dieu qui n’ont vraiment rien à voir avec la bonté. Il lui reproche des choses qui sont à faire dresser les cheveux sur la tête :
- «Il m’a conduit et fait marcher dans les ténèbres et non dans la lumière». (V.2). Notre ferme conviction est bien que Dieu fait passer des ténèbres à la lumière, non ? Jérémie vit le contraire : «Il m’a fait aller dans les ténèbres et non dans la lumière».
- «Il a tourné sa main contre moi et l’a levée contre moi jour après jour». (V.3). Jérémie ne ressent rien de la main bienveillante de Dieu qui est ouverte sur lui pour le bénir. Oh non ! Il fait l’expérience que Dieu étend sa main sur lui – et pas seulement une fois, mais chaque jour à nouveau !
- «Il a fait vieillir ma chair et ma peau, Il a brisé mes os». (V.4). Il n’y a rien de l’affermissement et du réconfort que nous attendrions d’un Dieu d’amour. Jérémie n’expérimente pas Dieu comme le père aimant qui le relève et le réconforte. Il le voit plutôt comme celui qui le met à terre.
- «Il m’a enfermé tout autour…» (V.5).
«Il m’a entouré d’un mur pour que je ne puisse pas sortir et m’a mis des chaînes très dures». (V.7). Nous connaissons Dieu et nous le prêchons comme celui qui brise les chaînes et libère ceux qui sont liés. Jérémie fait l’expérience du contraire : il voit Dieu l’enchaîner et l’enfermer !
- «Quand je crie et que j’appelle, il se bouche les oreilles à ma prière». (V.8). Peux-tu imaginer qu’un père aimant se bouche les oreilles lorsque ses enfants l’appellent ? C’est terrible ! C’est ainsi que Jérémie voit Dieu !
- «Il a muré mon chemin avec des pierres de taille et a fait de mon sentier un chemin de perdition». (V.9).
- «Il me fait manquer le chemin» (v.11a). Nous attendons pourtant de Dieu qu’il nous ouvre des portes et nous aide à trouver le bon chemin. Jérémie se plaint que Dieu lui barre la route et le laisse s’égarer.
- «Il m’a rassasié d’amertume et m’a abreuvé d’absinthe». (V.15). Il n’est pas question de «vertes prairies» et «d’eau fraîche».«Le psaume 23 parle de David.
- «Il m’a fait mordre le gravier, il m’a fait tomber dans la cendre». (V16).
Ce sont quelques «Dégustation» de la longue liste d’accusations et de reproches amers que le prophète lance à la tête de son Dieu dans Lamentations 3. Et ce ne sont pas de quelconques illusions du prophète qui sont à la base de cette complainte. Jérémie a vécu son Dieu de cette manière. Vraiment !
Jérémie sort le grand jeu
Je rappelle dans ce contexte Jérémie 14 et 15. Ce qui y est écrit est à peine supportable. Je pense que ce sont les pires chapitres de toute la Bible. Jérémie y défend son peuple avec passion. Il lutte dans la prière avec Dieu et implore son attention et son aide :
«Ah, Seigneur, si nos péchés nous accusent, sauve-nous à cause de ton nom ! Car notre désobéissance est grande, et nous avons péché contre toi. Tu es la consolation d’Israël et son secours. Pourquoi te comportes-tu comme un étranger dans le pays, comme un voyageur qui ne passe que la nuit ? Pourquoi te comportes-tu comme un homme découragé, comme un héros qui ne peut sauver ? Tu es pourtant parmi nous, Seigneur, et nous nous appelons de ton nom ; ne nous abandonne pas». (Jérémie 14:7–9). Savez-vous comment Dieu répond à la supplication du prophète ? Il lui dit «Tu ne demanderas pas grâce pour ce peuple. Même s’ils jeûnent, je n’exaucerai pas leurs supplications ; même s’ils offrent des holocaustes et des offrandes, ils ne me sont pas agréables ; mais je les détruirai par l’épée, par la famine et par la peste». (Jérémie 14.11–12).
Mais le prophète s’accroche. Il ne se laisse pas dissuader : «Seigneur, nous reconnaissons notre méchanceté et l’iniquité de nos pères, car nous avons péché contre toi. Mais à cause de ton nom, ne nous rejette pas ! Que le trône de ta gloire ne soit pas bafoué, souviens-toi de ton alliance avec nous, et qu’elle ne cesse pas…» (Jérémie 14,20–22). On peut dire que Jérémie fait feu de tout bois. Il saisit Dieu par sa gloire. Il le saisit par son nom sacré. Il lui rappelle l’alliance qu’il a conclue avec le peuple. Mais tout cela est vain.
Dieu reste «têtu». Il ne se laisse pas prier. Jérémie mord le granit. Il ne trouve ni cœur ni oreille auprès de Dieu et aurait pourtant toutes les raisons d’abandonner son travail et de dire : «Bon, Dieu, ce n’était pas mon idée de faire ce que je fais. C’est toi qui m’as convaincu de devenir prophète. Si tu me laisses tomber dans ce ministère, alors au revoir ! Je ne peux plus me permettre de me heurter à un mur avec mes luttes pour ce peuple. C’est ton peuple, pas le mien ! Si tu veux le détruire, je t’en prie ! Il s’agit de ton nom et de ton honneur. Fais ce que tu veux ! Je me retire ! Je ne veux plus rien avoir à faire avec toi et avec toute cette histoire autour de ton peuple. Laisse tomber ! Je démissionne !»
Ne réagirions-nous pas de la même manière ou de manière similaire si nous vivions avec Dieu les expériences que Jérémie a vécues ? Je ne m’impose plus cela. Je ne veux plus avoir affaire à ce Dieu qui, malgré toutes mes recherches, mes questions, mes prières et mes luttes, me montre une épaule froide ! Mais Jérémie emprunte une autre voie. Même s’il mord le granit de son Dieu, même s’il ne rencontre que résistance, rejet et froideur : Jérémie cherche des traces de la bonté de Dieu. Malgré toutes les expériences négatives qu’il fait : il cherche la «faille» dans le mur compact de résistance et de rejet qui lui est opposé par Dieu. Il cherche la «brèche».«Il se demande s’il ne pourrait pas atteindre le cœur de Dieu. Et il la trouve : «C’est la bonté de l’Éternel qui fait que nous ne sommes pas tout à fait sortis», il reconnaît parmi toutes les choses incompréhensibles et difficiles qu’il vit avec son Dieu. «Le Seigneur a la bonté de ne pas nous laisser tomber…»
Le fait que nous existions encore est une indication qu’il existe encore quelque chose comme un reste de bonté de Dieu. Le fait que nous existions encore est un signe que Dieu n’est pas encore tout à fait au bout de ses peines avec nous, qu’il y a encore une petite étincelle d’espoir, que son chemin se poursuit peut-être encore avec nous… Il y a encore un reste de miséricorde et de bonté de Dieu. Il faut juste que je trouve le chemin par lequel je peux puiser dans ce reste. Et le prophète trouve ce chemin. Il trouve la petite porte par laquelle il peut accéder à ce «reste de bonté».» de Dieu est atteint. Cela s’appelle Espoir. Il suffit d’espérer, d’attendre, d’attendre et de faire confiance : «Le Seigneur est bon pour celui qui espère en lui, pour l’âme qui le cherche». Ou comme Luther traduit ce passage dans Lamentations 3,25 : «Car l’Éternel est bon pour celui qui l’attend et pour l’homme qui le cherche».
Je ne sais pas si Jérémie connaissait les passages du livre de prières de la Bible qui parlent d’espérer et d’attendre Dieu. Mais manifestement, il avait l’intuition que l’espoir en Dieu est le chemin par lequel nous trouvons sa bonté. Espérer en Dieu est le chemin par lequel nous pouvons émouvoir son cœur de Père aimant. L’espoir est l’étincelle qui rallume le feu de l’amour de Dieu pour nous. Dans la multitude d’expériences les plus amères qu’il fait avec son Dieu, il trouve la petite porte par laquelle il peut atteindre le cœur paternel bienveillant de Dieu : L’espoir ! «Le Seigneur est bon pour celui qui espère en lui, pour l’âme qui le cherche». Jérémie reconnaît
- Si je persévère dans l’espoir et l’attente,
- si je persévère dans ma recherche et dans mon attente de l’aide de Dieu,
- si je persévère dans la confiance en sa sollicitude et en son amour,
- alors il est impossible que Dieu écoute mes prières sans les entendre,
- alors il abandonnera sa résistance et rouvrira sa main fermée.
L’espoir est l’étincelle
…qui met en mouvement le cœur de Dieu, pourtant plein d’amour pour nous les hommes. L’espérance est la force qui ouvre le cœur fermé de Dieu, afin que sa bonté et son amour puissent à nouveau couler. Chères participantes et chers participants au culte, peut-être souffrez-vous aussi du fait que Dieu se cache, qu’il n’accomplit pas les promesses de sa parole, qu’il ne semble pas se soucier de vos préoccupations, qu’il ne répond pas à vos prières et à vos supplications et qu’il vous laisse simplement mariner dans tout ce qui vous fait souffrir et que vous ne pouvez pas comprendre. Je ne sais pas pourquoi il fait cela. Mais je sais où se trouve la petite porte par laquelle nous pouvons atteindre son cœur. Le témoignage du prophète Jérémie nous montre le chemin. Il nous encourage à persévérer dans la prière et la foi, à ne pas abandonner l’espoir, à attendre Dieu, à l’attendre, à le chercher et à ne pas le lâcher jusqu’à ce qu’il se laisse trouver.
Nous voulons le faire, car «Le Seigneur est bon pour celui qui espère en lui, pour l’âme qui le cherche».