Le Notre Père
série : Métamorphose | Texte biblique : Matthieu 6,1–18.
On peut comparer le Notre Père à une région montagneuse : Elle est vaste et pleine de lieux magnifiques. Nous entreprenons un voyage en train au milieu du Notre Père pour mieux connaître et nous émerveiller de cette prière.
Il y a deux semaines, nous nous sommes rencontrés pour commencer ensemble le week-end Lifegroup. Nous nous sommes bien amusés ! – Par exemple en faisant du «shiitli um» ou du canoë. Et nous nous sommes penchés sur le Notre Père, la prière la plus connue du christianisme. J’ai été très heureux de voir la joie que vous avez manifestée et je me réjouis donc encore un peu plus de poursuivre ce voyage aujourd’hui.
Voyage en train à travers le Notre Père
Lors du week-end du groupe de vie, nous avons regardé attentivement certaines phrases, nous y avons réfléchi et nous avons essayé d’y percevoir Dieu. Aujourd’hui, nous voulons aborder le Notre Père d’une manière un peu différente. La prédication d’aujourd’hui ressemble à un voyage en train. Le Notre Père peut être comparé à une région montagneuse : Il est – malgré les phrases courtes et peu nombreuses – très vaste, complexe et plein de surprises. Au sens figuré, nous trouvons à de nombreux endroits des lacs de montagne, des ruisseaux et des cascades ; différents arbres et fleurs ; des marmottes, des bouquetins et des choucas. Nous ne pouvons pas tout passer au crible en une matinée ! Mais nous allons parcourir la région en peu de temps, ce qui nous permettra de mieux la connaître. Mon souhait pour ce matin est que nous puissions tous nous orienter un peu mieux dans le Notre Père et que nous soyons impatients de nous arrêter près d’un des lacs de montagne. Puis au suivant.
L’environnement du Notre Père
Avant de parcourir le Notre Père, faisons un zoom arrière et observons l’environnement d’une perspective à vol d’oiseau. Le Notre Père tel que nous le connaissons se trouve dans l’évangile de Matthieu. Il se trouve donc dans le deuxième grand bloc de la Bible : le Nouveau Testament. L’évangile de Matthieu nous raconte la vie de Jésus. Le Notre Père se trouve dans ce que l’on appelle le Sermon sur la montagne, dans lequel Jésus parle de la vie d’enfant de Dieu. Il s’inscrit particulièrement bien dans notre thème annuel «Métamorphose», et ce pour deux raisons : Premièrement, parce que nous passons la majeure partie de l’année dans le Sermon sur la montagne et deuxièmement, parce que la prière joue un rôle extrêmement central dans notre transformation en Christ. Le Notre Père est présent dans le Sermon sur la montagne dans le passage où Jésus parle de la vraie et de la fausse vie selon le cœur de Dieu. Ce faisant, il aborde trois piliers fondamentaux du judaïsme antique : Faire l’aumône, prier et jeûner. Dans la partie sur la prière, il décrit comment les gens formulent de longues prières dans l’espoir d’être ainsi exaucés. Le Notre Père est à l’opposé de ces prières à la vapeur, qui ne comptent en fait pas sur l’intervention de Dieu. La prière que Jésus transmet à ses disciples – et qu’il nous offre donc aussi – repose en revanche sur la déclaration : «Votre père sait ce dont vous avez besoin avant que vous ne le lui demandiez». (Matthieu 6,8 LUT). Jésus dit à ses disciples comment ils doivent prier. Et nous voulons maintenant regarder ensemble ces riches paroles. Avec Gerhard Maier, nous divisons la prière en quatre parties : (1) l’adresse, (2) les demandes «tu», (3) les demandes «nous» et (4) la louange.
1 – Titre de civilité
Jésus commence par s’adresser «Notre Père qui est aux cieux !» (Matthieu 6,9 LUT) et dit ainsi d’emblée à qui s’adresse la prière des disciples : à Dieu dans les cieux, le Père des disciples. Celui qui suit Jésus n’est pas «seulement» un collaborateur, un coéquipier ou un partenaire contractuel, mais un enfant de Dieu. Et tous ces enfants de Dieu appartiennent – comme le dit déjà «Père» – à la même famille. La famille de Dieu. Schlatter va droit au but lorsqu’il dit que la combinaison de «notre père» et «au ciel» nous préserve de l’arrogance, car nous savons que Dieu est certes proche, mais aussi lointain et très différent. C’est précisément parce qu’il est «dans les cieux» que les deux premiers mots ont une telle signification.
2 – Demander en du
Avec les trois premières demandes, les demandes «tu», Jésus détourne d’abord le regard des disciples et, dans notre cas, de nous. Cela fait beaucoup de bien ! Combien de fois tournons-nous en rond parce que nous ne nous préoccupons que de nous-mêmes ! Nous blessons si souvent nos proches parce que nous ne pouvons tout simplement pas regarder au-delà du miroir et que nous cherchons toujours nos avantages. Jésus commence autrement : il dirige notre regard vers ce Père merveilleux que nous pouvons honorer. Pouvoir l’adorer, lui plutôt que nous, c’est la rédemption en action. Jésus prie avant (Matthieu 6,9b-10 LUT) :
Que ton nom soit sanctifié».
Que ton règne vienne
Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel».
Le site première demande rappelle le Psaume 115,1 : «Ce n’est pas à nous, Seigneur, ce n’est pas à nous qu’il faut rendre gloire, mais à ton nom, à cause de ta grâce et de ta fidélité !» Ce n’est pas à nous que doit revenir la gloire, mais à Dieu. C’est ce que signifie le terme «nom» – la personne concernée y est incluse. Le site deuxième demande est pleine d’espoir, – et est en même temps une insolence osée des chrétiens face aux forces du mal. Elle me rappelle le roman «Jacob le menteur», qui se déroule dans un ghetto. On y raconte comment l’espoir que l’Armée rouge parvienne bientôt jusqu’à eux et les libère a complètement changé la vie des Juifs et leur a donné une nouvelle force. Même s’il ne s’agit pas d’une comparaison parfaite, cette histoire nous montre quelque chose de la dynamique de la deuxième demande. Nous demandons qu’un autre royaume que le royaume actuel vienne. Dans ce royaume, il n’y a ni souffrance, ni haine, ni amertume. Les disciples de Jésus croient que ce royaume viendra et qu’ils seront accueillis par le Seigneur – Jésus. Malgré un regard clair vers l’avenir, le Notre Père est ancré dans le présent, comme nous le verrons bientôt. Grâce à la troisième demande nous apprenons que la volonté de Dieu ne s’impose pas encore partout. Sa volonté est le bien et la perfection. Nous prions pour que sa volonté s’impose partout. En même temps, nous sommes invités à nous laisser transformer pour vivre selon sa volonté, comme le décrit bien notre verset annuel : «Et ne vous conformez pas à cette marche du monde, mais laissez-vous transformer [dans votre être] par le renouvellement de votre intelligence, afin que vous puissiez éprouver quelle est la volonté de Dieu, bonne, agréable et parfaite». (Romains 12.2 SLT). Nous devons prier pour cela et agir en conséquence.
3 – Nous-demandons
Viennent ensuite les quatre demandes «nous». Elles concernent notre vie en profondeur et sont formulées au pluriel, ce qui est passionnant. Nous pouvons – nous devons – donc aussi les prier ensemble. Nous passons à côté dans notre voyage en train (Matthieu 6,11–13) :
Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien».
Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous soumets pas à la tentation,
mais délivre-nous du mal».
Dans la quatrième demande prions ensemble notre Père céleste de nous donner ce dont nous avons besoin pour vivre. Cela commence ici par le pain, mais cela ne s’arrête pas là. La demande du pain quotidien inclut également tout ce dont nous avons besoin pour vivre. Pour nous, Suisses, cette phrase semble souvent un peu vide. Nous vivons dans l’abondance matérielle. Mais nous ne l’avons que tant que Dieu le veut. Nous dépendons aussi de lui. Peut-être avez-vous rencontré en cours d’histoire ce que l’on appelle «l’année sans été». C’était en 1816. Cette année-là, une famine a éclaté dans nos régions, car on a eu de grandes mauvaises récoltes à cause du mauvais temps. L’explication la plus courante de ce grand bouleversement météorologique est l’éruption du volcan Tambora en Indonésie un an auparavant. Les particules de poussière et de cendres se sont répandues dans l’atmosphère et ont massivement réduit le rayonnement solaire. Tout peut aller aussi vite, même en Europe centrale. C’est pourquoi cette quatrième demande est importante pour nous aussi. Elle nous rappelle que tout vient de la main de Dieu. Dans la cinquième demande Jésus fait référence à nos dettes. Il ne parle pas en premier lieu de nos dettes financières, mais plus tard, dans un autre discours, il les utilise comme image pour décrire notre dette envers Dieu. Il explique ainsi clairement que si nous devenons coupables devant Dieu, cette dette ne s’évanouit pas dans le néant. Elle reste comme une dette d’argent et s’accroît lorsque de nouvelles dettes s’ajoutent. De même, comme une dette d’argent, nos offenses doivent être remboursées. Le problème qui nous accompagne en permanence, c’est que nous sommes incapables de vivre sans culpabilité depuis notre naissance. L’égoïsme règne en nous dès le premier jour et accumule des montagnes de dettes. Nous ne devons pas passer trop vite sur ces paroles de Jésus : elles sont uniques dans toute l’histoire du monde ! Jésus peut prier ces paroles parce qu’il a aussi résolu le problème ancestral. Il est allé à la croix pour que notre culpabilité soit remise. Si nous croyons en lui, notre culpabilité sera remise. Et nous devenons capables de pardonner aux autres. Nous ne pouvons pas dire cela de manière désinvolte. Il y a vraiment beaucoup de choses très mauvaises sur la terre. Le pardon est possible parce que nous nous trouvons entre la croix et le retour de Christ. Tous ceux qui croient ont vu leur grande dette remise par Jésus ! Et pour eux, il y a aussi une espérance fondée : il revient et alors Dieu essuiera les larmes de tous ses enfants, guérira leurs blessures, lavera tout ce qui est souillé, réparera ce qui est brisé et les fera participer à sa gloire. Dans le sixième demande nous demandons que Dieu ne nous soumette pas à la tentation. Comment devons-nous comprendre cela ? Dieu veut-il placer des pièges sur le chemin de notre vie ? Nous lisons en Matthieu 4.1 (LUT) «Alors Jésus fut conduit par l’Esprit dans le désert, pour être tenté par le diable». L’Esprit de Dieu conduit Jésus dans un lieu où il est tenté par le diable. Dieu conduit également ses enfants de temps en temps dans des situations éprouvantes afin qu’ils grandissent dans la foi. Mais Dieu lui-même ne tente pas. Or, ces dernières années, nous avons développé une relation tordue avec les tentations. Les «douces tentations» ont depuis longtemps triomphé dans la publicité et veulent sans cesse nous convaincre qu’il n’y aura pas de fois. Le diable essaie de faire de même : il veut nous faire avaler des choses qui paraissent séduisantes au premier moment – et qui nous dévorent de l’intérieur au deuxième. Jésus connaît les tentations par expérience personnelle et est le seul à ne jamais y avoir cédé durant toute sa vie. Il nous enjoint de prendre les tentations au sérieux et de demander l’aide de Dieu. La prière est le chemin de la résistance. Nous venons à la septième et dernière demande. Jésus nous apprend à prier pour être préservés du mal. Sa prière en Jean 17.15 (LUT) est intéressante : «Je ne te demande pas de les (c’est-à-dire les disciples) du monde, mais que tu les préserves du mal». Tant que nous ferons partie de ce monde, le mal existera. Dans la vie des disciples de Jésus aussi. Mais il est important qu’ils soient dans le monde et qu’ils répandent la lumière de Dieu – car : il y a un espoir de restauration !
4 – Louange
A propos de la louange finale (Matthieu 6,13 LUT)
«[Car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire, pour les siècles des siècles. Amen]».
et les nombreuses questions qui en découlent, nous en avons longuement parlé lors du Lifegroup Weekend. Je résume encore une fois brièvement. La conclusion est absente des copies les plus anciennes de l’évangile, que nous considérons comme la base du texte. Nous ne savons donc pas avec certitude comment Matthieu a rédigé la fin dans l’original. Il serait bien possible que la louange ait changé à plusieurs reprises à la fin – c’était courant à l’époque. En tout cas, les mots qui nous sont parvenus ne sont pas une invention nouvelle qui aurait été glissée dans le texte. La formulation a été tirée de la traduction grecque de 1 Chroniques 29,11. Devons-nous également changer de conclusion à plusieurs reprises ? Cela présente des avantages et des inconvénients. Il est évident qu’il faut aussi prier à la fin avec des mots tirés de la Bible. De plus, cette prière nous relie à tous les autres chrétiens du monde. Je serais donc plutôt prudent. Mais je pense aussi qu’une autre conclusion peut élargir l’horizon de notre prière. On pourrait par exemple mettre de temps en temps Romains 11.36 (LUT) à la fin : Car c’est de lui, par lui et pour lui que sont toutes choses». À lui la gloire dans les siècles des siècles ! Amen». Conclure par une louange à Dieu est définitivement précieux. Nous bouclons ainsi la boucle avec les trois premières demandes.
Nous sommes au terminus de notre voyage en train à travers le Notre Père. Qu’est-ce que tu emportes avec toi ? Où aimerais-tu t’arrêter aujourd’hui ou demain pour continuer à t’immerger ? Le Notre Père est si riche que je ne veux pas le résumer maintenant en une seule pensée et vous l’offrir. J’espère plutôt que la joie qu’il a suscitée vous incitera à vous y plonger davantage. La meilleure façon de le faire est de prier – et c’est aussi ce que je veux vous donner. Comme je l’ai déjà dit lors du Lifegroup Weekend : Le Notre Père doit absolument faire partie de la liste des choses qui se produisent chaque jour. Il est bien trop précieux pour être relégué sur une autre liste !
Questions possibles pour les petits groupes
Lire le texte biblique : Matthieu 6,1–18
- Comment l’espérance de la venue du royaume de Dieu s’exprime-t-elle dans ta vie ? De quoi souhaiterais-tu vivre différemment dans ce contexte d’espoir ?
- Quand as-tu du mal à pardonner aux autres ? Pour quelle raison ?
- Quelles sont les tentations qui t’accompagnent depuis un certain temps ? Comment les gères-tu ?
- Qu’est-ce qui t’a semblé particulièrement important dans le Notre Père (par la prédication ou au fil des ans) ? Pourquoi ?